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Sud-Ouest du 11/11/2019 :  » Tyrosse éteint Dax et rallume la flamme « 

TYROSSE – DAX Fête populaire et succès face à plus puissant qu’elle : l’UST a soufflé sur les braises de son glorieux passé hier

Tyrosse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Dax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
Lieu Tyrosse (stade de la Fougère). Spectateurs 4000 environ. Arbitre M. Chiodi-Scroeder. Mi-temps 19–12.
Tyrosse 1 essai de Chasseur (19); 8 pénalités de Ferré (2, 13,32,38,42,50, 55,67); 1 transformation de Ferré (19)
L’équipe : Ferré – Benony (Sarthou, 68), Descazaux, Decarnin (Baldy, 79), Chasseur (Barbe, 79) – (o) Hourcade – (m) Loustaunau – Montois (Lesbats, 68), Lafitte, Samson (Castet, 79) – Vervoort, Kahn – Belestin (Lafontan, 62), © Brissot (Azpiroz, 62), Dominici (Hontebeyrie, 62).
Carton jaune : Hourcade (47).
Dax 4 pénalités de Curutchet (9,15,22,30).
L’équipe : Gatelier – Pilati (Delai, 41), Curutchet,  (c) Argel, Dechavanne – (o) Garrouteigt (Hollet, 68) – (m) Reteau (Gatuingt, 62)– August, Ferrer, Aletti – Soqeta (Sentucq, 52), Bidau (Polutele, 52) – Kuparadze (Pilioko, 62 puis Sotteau, 64), Auzqui (Delblancu, 62), Dumain.
Carton jaune : Bideau (42), Curutchet

C’est une bonne question pour étudiant en première année de psychologie : face à une situation exceptionnelle, vaut-il mieux s’ouvrir à ses émotions ou se coffrer dans le déni ? Tyrossais et Dacquois avaient choisi une posture opposée avant ce derby attendu depuis 13 ans. Au vu du résultat sans appel d’hier, la réponse semble évidente.

Sauf que loin des grandes démonstrations théoriques, le rugby reste un art délicieusement terre à terre : un ballon, quelques lignes, des poteaux et surtout des copains avec qui on partage une ambition commune.

Résumer le succès tyrossais à ce supplément d’âme serait injuste au vu des qualités affichées hier par cette équipe, mais l’USD aurait sans doute gagné à afficher un peu plus sincérité et de simplicité dans l’approche de ce derby.

« Une page d’histoire »

Pour la sincérité, prenez François Gelez par exemple, ancien international français qui en a vu d’autres mais qui n’était hier soir qu’un enfant de la Fougère aux yeux brillants… « Ce club, c’est ma vie, j’ai grandi ici, je viens au stade le dimanche depuis que je suis né, en 1991 quand on avait battu Dax ici j’apportais le sable au buteur…

Et quand je vois le stade plein, que les gens sont contents, je me dis qu’on a marqué une belle page de l’histoire du club. »

Question simplicité, on pense à ces joueurs s’arrêtant d’abord à la buvette avec leurs supporters avant de s’enfiler Trois Cafés Gourmands au vestiaire et de refaire le match clope au bec et bière à la main.

Et peu importe si le plus beau geste technique du jour a sans doute été la cuisson du cochon de lait au repas d’avant-match, tout le monde a bien compris que l’essentiel était ailleurs. Dans ce sentiment d’un Tyrosse renouant avec la communion populaire et son passé d’empêcheur de tourner en rond.

« C’est l’ADN du club, on l’a retrouvé, savoure le président Christian Laclau. On avait beaucoup de monde, 1 200 personnes au repas d’avant match, c’est que les gens avaient envie de retrouver ça. C’est fait et pour moi c’est la plus grosse satisfaction, au-delà du résultat. »

Privée de phases finales au printemps dernier, en difficulté depuis le début de la saison, l’UST avait bien besoin d’un derby réussi pour raviver la flamme. « C’est le genre de match qui dépasse un peu le cadre du sport. Les gens l’attendaient depuis tellement longtemps que le résultat donne un bel éclairage sur le club, souligne  François Gelez. Vous savez, les joueurs sont un peu toute l’année dans l’anonymat, ils s’entraînent dans le noir, dans le froid… Et qu’ils aient cette reconnaissance- là du public, de tous les anciens joueurs qui sont venus et qui disent « ça, c’est une équipe de Tyrosse », ça veut tout dire. C’est cette forme de reconnaissance qui est importante. »

«  D’année en année le stade se vide, je pense que relancer cet engouement autour de Tyrosse, c’est important »

Au club depuis 2006, revenu des batailles épiques et malheureuses pour la montée en Pro D2, le 2e ligne Kevin Kahn ne boudait pas son plaisir adossé à la main courante. « On voit que d’année en année le stade se vide, c’est sûrement de notre faute, mais relancer tout cet engouement autour de Tyrosse, je pense que c’est important. Ceux qui viennent d’arriver doivent comprendre qu’ici, il y a vraiment un truc. »

« J’en ai des frissons »

Avec un dimanche comme celui-là, il ne fait aucun doute que le message est bien passé. Héros du jour alors qu’il n’aurait peut-être pas été sur le terrain sans le forfait cruel et de dernière minute de Paul Dubert, Maxime Ferré avait par exemple du mal à redescendre sur terre.

« Il y a beaucoup d’émotion, c’est énorme. Franchement j’en ai des frissons, confie l’arrière arrivé cette saison. J’ai joué des derbys Bayonne/Biarritz en Espoirs, mais là quand on voit l’ambiance c’est impressionnant… On nous a parlé de ce derby toute la semaine, il y a des gens qui l’ont joué il y a 50 ans, il y a 40 ans, là c’est notre génération qui était mise à l’épreuve, on a réussi et nous aussi on pourra se vanter d’avoir gagné le derby contre Dax. » Bientôt, l’ordinaire d’une saison de Fédérale 1 reprendra son cours, avec son lot de péripéties. Le souvenir de cette journée de novembre, lui, devrait scintiller un bon moment dans les têtes tyrossaises. Le passé était beau ? Le présent de l’UST n’est pas mal non plus, quand même.

Kevin Leroy

k.leroy@sudouest.fr

LE MATCH  L’UST en toute logique

Alors que l’on pouvait craindre des conditions de jeu exécrables, c’est en fait un beau ciel bleu qui est apparu juste avant le coup d’envoi. Si l’humidité ambiante, le terrain lourd et la tension des acteurs n’ont pas permis un match franchement enlevé, ce derby ne s’est cependant pas réduit à la guerre de tranchées redoutée.

En tête tout au long de la partie et auteurs du seul essai de l’aprèsmidi, les Tyrossais ont cueilli un succès mérité en faisant jeu égal dans le défi physique avec l’USD et en se montrant un peu plus entreprenants. Ils ont d’ailleurs inscrit le seul essai de la partie sur une touche vite jouée, suivie d’une chandelle cafouillée par la défense dacquoise et de deux coups de pied façon footballeurs qui permettaient à Chasseur, opportuniste, d’aplatir en coin (13 – 6, 19e).

« On s’est rendu compte au fil des minutes qu’on avait des arguments pour jouer, pour faire autre chose qu’être vaillants », confie l’entraîneur tyrossais François Gelez.

DAX FANNY APRÈS LA PAUSE

Alors que la première période de ce derby a été hachée par les coups de sifflet d’un arbitre à la pénalité facile (19-12 à la pause), la seconde a permis à l’UST de prendre le large. Sans marquer de nouvel essai, à cause de quelques coups mal négociés, mais grâce à quatre nouvelles pénalités de Ferré, qui a tout de même connu trois échecs face aux perches hier.

C’est dire si la note aurait pu être beaucoup plus salée pour des Dacquois terriblement indisciplinés, incapables d’inscrire le moindre point en seconde période et franchement inquiétants (lire par ailleurs).

  1. KL.

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