ARTICLE

SUD-OUEST : Pour Paul Dubert, Tyrosse « c’est bien plus que du rugby »

L’emblématique capitaine tyrossais tire sa révérence après dix-sept ans de fidélité à la Fougère, à laquelle il reste viscéralement attaché et dont il va intégrer le staff.

En Pro D2 (2005-2006) et en Fédérale 1 confondues, Paul Dubert aura disputé 308 matchs et inscrit 1 889 points (40 essais, 288 transformations et 371 pénalités) sous le maillot de la Fougère. À 35 ans, l’emblématique capitaine et demi de mêlée a pris la difficile décision de tirer sa révérence, après 17 saisons (dont 15 en équipe fanion) de fidélité à ses couleurs. Celles de l’US Tyrossaise, qui a vu grandir l’homme et le joueur et à laquelle, il reste viscéralement attaché.

Quand vous êtes-vous décidé à prendre votre retraite sportive ?
Pendant le confinement. Jusque-là, j’y réfléchissais, mais c’est tout. J’étais très hésitant, mais quand le staff m’a proposé de ne plus jouer en 15 mais d’être repositionné en 9 dans un rôle de remplaçant, ce que j’estime être le rôle d’un jeune jouer plus que d’un gars de 35 ans, je me suis dit, sans amertume, ni polémique, que c’était le bon moment pour moi. Après dix-sept ans de sacrifices, j’avais aussi envie de profiter d’autres choses. Et puis la perspective de continuer l’Aventure avec le club en intégrant le staff, a fini de me convaincre. Cette petite passerelle m’a intéressé et j’ai sauté sur l’occasion.

Quelles seront vos fonctions exactes ?
J’arrive en renfort de deux préparateurs physiques du club, Christophe Damien et Bastien Ferrou. Je m’occuperai plus particulièrement de la gestion des blessures, de la réathlétisation.

Comment envisagez-vous votre vie sans le terrain ?
Ce n’est jamais évident de prendre sa retraite. C’est une petite mort, comme on dit. Jusqu’ici, le rugby m’occupait quatre soirs par semaine, plus le week-end. Ça va être un rythme de vie différent et un saut dans l’inconnu. Il y a plein de choses à faire en dehors du rugby, mais plein d’autres vont me manquer, c’est sûr. Le rugby, ce n’est pas que des résultats, des points marqués, des essais, le plus important à mon sens, ce sont la vie de groupe et l’épanouissement personnel. Et ça, avec le rôle que je vais occuper, je vais le retrouver, et j’en suis heureux.

Cette saison inachevée en raison de la Covid-19, on imagine que ce n’est pas la fin de carrière que vous aviez imaginée ?
En quinze ans, je n’ai pas perdu beaucoup de matchs à Tyrosse, mais il faut que je finisse sur une défaite face à Niort. Sur une pénalité de dernière minute. Ceux qui me connaissent savent que je suis superstitieux, que je m’attache à plein de petits signes, et celui-là, je l’ai en travers. Je pense qu’on va encore en rire longtemps en troisième mi-temps (rires).

Quel aurait été le dénouement idéal alors ?
Déjà, j’aurais aimé réussir à jouer le match contre Dax. J’étais blessé à l’aller et le retour a été annulé. J’aurais surtout aimé que le club soit sur une meilleure dynamique, pour que les jeunes puissent profiter de ce que j’ai eu la chance d’avoir à mon arrivée.
Tout ça n’efface pas les 17 belles années que j’ai vécues. J’ai eu beaucoup de chance. C’est aussi ça une carrière : être bien entouré, être là au bon moment, avec les bons coachs, les bons joueurs, les bons présidents. Et j’en profite pour dire un grand merci à tous les dirigeants, supporters et maires qui ont fait que ces années ont vraiment été exceptionnelles.

Que ressentez-vous quand vous déroulez le fil de votre carrière ?
Sans prétention aucune, je suis assez fier de mon parcours. Je suis content d’avoir défendu les couleurs d’un seul club. Ça peut paraître anecdotique pour certains, mais pour moi ça signifie beaucoup.

Qu’a donc de spécial ce club pour ne jamais avoir voulu le quitter ?
L’UST, ça représente beaucoup : mon père y a joué, mon grand-père y a joué, ils venaient au match le dimanche. C’est toute une atmosphère, des amis, la famille… Je suis arrivé à 18 ans, encore étudiant, sans savoir ce que j’allais faire de ma vie, et je me retrouve aujourd’hui, responsable d’un service dans une mairie. Tyrosse m’a permis de m’épanouir professionnellement en tant que joueur et en tant qu’homme. Ça n’a pas de prix.
Tyrosse, c’est bien plus que du rugby. Sinon, j’aurais pris ma valise et fait le tour de France des clubs. J’aurais pu partir à Mont-de-Marsan ou ailleurs. Les gens d’ici n’auraient pas pris ça pour une trahison. Mais ailleurs, je pense qu’il m’aurait manqué quelque chose. Et puis année après année à l’UST, je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir fait le tour de la question, et comme je m’amusais toujours sur le terrain, je n’ai jamais vraiment eu envie d’aller voir ailleurs.

Aucun regret, donc ?
Si, celui de ne pas avoir eu l’occasion de taper cette pénalité contre Béziers pour renvoyer Tyrosse en Pro D2 (en 2011 en demi-finales du trophée Jean-Prat, NDLR). On y a tous cru. Malheureusement, l’arbitre l’a finalement retournée contre nous en fin de match (envoyant ainsi les Biterrois en finale et en Pro D2 grâce à un plus grand nombre d’essais sur l’ensemble des deux matchs, NDLR). Ça fera dix ans l’an prochain et je n’ai jamais revisionné les images. C’est trop dur. Même si derrière, la saison n’aurait pas été une partie de plaisir, j’aurais tellement aimé vivre et partager ce moment avec nos supporteurs en liesse. Faire la fête toute la nuit et arriver le lundi matin en se disant, « On est de retour en Pro D2 ».Ça aurait été magique. C’est aussi pour ça que je n’ai pas voulu partir, ça aurait peut-être été différent si on était monté. On en garde tous un sentiment d’inachever.

Après, c’est la mort de Fabien Capdeville sur le terrain (1). C’est mon pire souvenir.

(1) Le pilier de l’UST est décédé en mai 2011 à l’âge de 25 ans sur le terrain de Gabarret où il disputait en quart de finale de Nationale B avec la réserve de son club, face à Valence-d’Agen.

Leave a Reply